Analyse des impacts financiers et économiques de la filière bois-énergie organisée approvisionnant la ville de Ouagadougou

9 janvier 2009

Au Burkina Faso, le bois – énergie (bois de feu et charbon de bois) constitue la principale source d’énergie des ménages. Il contribue à la satisfaction de près de 84 % des besoins en combustibles des ménages.
Dans le cadre de l’organisation de la filière bois-énergie au Burkina Faso, des forêts ont été aménagées en vue de ravitailler durablement les populations en combustibles ligneux et en d’autres produits forestiers. A cet effet, huit (8) chantiers d’aménagement forestier situés dans les Régions du Centre – Ouest et du Centre – Sud ont été créés pour l’approvisionnement de la ville de Ouagadougou. La présente étude a porté sur :
– l’analyse des impacts financiers et économiques de la filière bois – énergie impliquant ces chantiers ;
– la simulation des impacts de la mesure de politique d’aménagement de 63 000 ha de forêts prévu dans la Région du Centre – Ouest dans le cadre du Programme d’Actions Prioritaires (PAP) de mise en oeuvre du Cadre Stratégique de Lutte
contre la Pauvreté 2006 – 2008 ;
– la détermination du coût d’opportunité de la substitution du bois de feu par des sources d’énergies alternatives telles que : le gaz butane et le solaire.
Cette étude a été réalisée par un groupe de travail mise en place dans le cadre d’une formation dispensée par le Projet d’appui au renforcement des capacités d’analyse des impacts des politiques agricoles supporté par la FAO. Les résultats de
l’étude montrent que la filière bois – énergie analysée apporte une contribution appréciable à l’économie nationale et participe à la lutte contre la pauvreté :

  • Au plan financier, les activités la filière consolidée ont généré en 2005 une valeur ajoutée de 769 892 226 F CFA et permis la création de nombreux emplois. Au cours de la même année, les revenus nets d’exploitation engrangés par agent
    économique de la filière analysée s’établissent ainsi qu’il suit :
  • Bûcheron (exploitant de bois) : 50 710 F CFA par mois pendant les trois (3) mois que dure la campagne d’exploitation de bois ;
  • commerçant grossiste – transporteur de bois : 985 556 F CFA par mois, en raison de 15 voyages de bois de 17 stères (4,25 tonnes) livrés mensuellement ; la durée de l’enlèvement du stock de bois de feu produit en 2005 ayant été fixé à 9 mois ;
  • commerçant – détaillant de bois : 27 769 F CFA par mois sur la base d’un chargement de camion de 17 stères de bois vendu par mois durant 9 mois.

Concernant l’aménagement de 63 000 ha de forêts, cette mesure de politique du CLSP devrait permettre de créer de la valeur ajoutée supplémentaire dont le montant est estimé à 580 839 412 FCFA par an, en partant de l’hypothèse que ces nouveaux chantiers à aménager pourront atteindre l’optimum de production de bois de feu fixé à 17 stères à l’hectare
dans la Région du Centre – Ouest, selon THIAM, A.T. (1998).
Au plan économique, la collectivité tire d’énormes bénéfices liés à la filière. Les revenus des différents agents de la filière sont inférieurs à ce qu’ils pourraient être dans une économie appliquant les prix internationaux de parité : le prix économique du stère de bois de feu dans les zones de production est estimé à 15 795 F CFA contre un prix financier fixé à 2 200 F CFA. Ce prix économique est relativement élevé à cause, entre autre, du prix moyen CAF du stère de bois de feu importé du Ghana qui s’élève à 15 074 F CFA selon les statistiques douanières nationales (MEDEV, 2007).
Les échanges de bois de feu aux frontières du pays se font le plus souvent à travers des circuits informels avec des prix de cession certainement plus intéressants. Concernant le prix de parité du stère de bois de feu sur le marché du gros, l’étude a
montré qu’il est de 20 348 F CFA contre un prix moyen financier de 10 000 F CFA. Sur le marché de la vente en détail, le prix économique du stère de bois de feu est de 23 1998 F CFA contre un prix moyen financier de 12 823 F CFA. L’existence d’externalités négatives dues à la coupe du bois a fait l’objet d’une couverture qui s’est traduite par un prélèvement (taxe forestière) de 300 F CFA sur le prix de vente du stère de bois coupé. Ce montant demeure cependant en deçà de la valeur réelle des dommages induits sur les ressources forestières exploitées. La différence énorme constatée entre le prix financier et le prix économique du stère du bois de feu ne peut s’expliquer par ces externalités négatives mais probablement par une mesure de politique nationale visant à réduire les importations du bois de feu.
Le coût financier de la substitution du bois de feu par le gaz butane est moins intéressant. En effet, pour une quantité ’énergie donnée, l’utilisation du gaz butane revient plus chère que celle du bois de feu, et ce dans des proportions de 1,7 pour le gaz butane subventionné et de 3,6 pour le gaz butane non subventionné. Aussi, il est proposé qu’une étude approfondie soit menée sur les impacts réels de la subvention du gaz butane en matière de préservation des ressources en bois. Cela permettra de tirer des enseignements sur l’opportunité pour l’Etat de poursuivre la subvention du gaz butane en lieu et place de reporter les financements concernés sur la production durable de bois de feu.
Concernant l’énergie solaire, elle coûte moins chère que celle produite à partir du bois de feu : 1000 kilocalories produites à partir de l’énergie solaire coûtent 7 F CFA contre 11 F CFA pour le bois de feu.
Enfin, l’étude a formulé un certain nombre de propositions visant à améliore les performances financières de la filière analysée.

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