Depuis les années 1990, le Burkina Faso a mis en place un système d’information sur le marché céréalier communément appelé SIMc au sein du service des études de la SONAGESS. Le dispositif prend en compte, outre les céréales sèches, d’autres produits végétaux alimentaires : les légumineuses (niébé, voandzou), les tubercules (igname, patate douce) et quelques oléagineux (arachide, sésame). Depuis peu, le SIMc collecte également des informations sur le karité et le beurre de karité, sur les légumes, sur les stocks des commerçants et sur les intrants agricoles.
Les objectifs actuellement visés par le SIM céréales sont :
- Assurer la transparence du marché céréalier par la collecte, le traitement et la diffusion de l’information sur les prix des céréales,
- contribuer au bon fonctionnement de la SONAGESS en fournissant des informations sur les marchés céréaliers nécessaires aux opérations de collecte (prélèvement des céréales du SNS) ou lors de la rotation technique,
- mener des études pour une meilleure connaissance du marché céréalier.
Le SIM est en train d’étendre son réseau de collecte afin de s’adapter à la nouvelle configuration administrative du pays et disposer d’au moins un marché représentatif pour chacune des 45 provinces. Le grand public est informé des prix sur les antennes de la radio rurale de ces informations en 16 langues nationales, en français, et par la publication de bulletins hebdomadaires et annuels. Les démarches sont en cours afin d’harmoniser les codes descriptifs des produits à la nomenclature statistique officielle.
Trois niveaux d’utilisateurs peuvent être identifiés par ordre hiérarchique
- Services étatiques : CNSA (CRSPC), CT/CNSA (CPG), SONAGESS, CONASUR, SE/CNSA (SP/CPC-SA), DEP/MAHRH, INSD, SP/CPSA, DG-PSA, etc. ;
- Institutions : FEWS-NET, FAO, CILSS, SIM de la sous région ;
- Privés : OPA, commerçants, producteurs, bureaux d’étude. INERA, ONG, etc. Consultants indépendants, étudiants.
Forces
Sur le plan de l’alerte et du suivi de la sécurité alimentaire
Le SIMc complète les informations qui sont utilisées pour le suivi et l’appréciation de la sécurité alimentaire. Outre les aspects liés à l’accessibilité financière aux vivres, les prix et surtout les variations de prix peuvent fournir des indications quant à l’état d’approvisionnement des marchés.
Par rapport à la plupart des autres outils, le SIMc offre l’avantage de couvrir également les zones urbaines. Les prix fournis par le SIMc sont régulièrement exploités dans les analyses de campagne et dans les bulletins du FEWS-NET.
Transparence des marchés
La libéralisation du marché céréalier et la gestion du SNS impliquent une démarche rationnelle de l’Etat et des PTF pour éviter de trop fortes interférences avec les marchés céréaliers. En effet, la constitution du SNS et la rotation technique d’une partie de ce stock imposent une intervention même indirecte de la SONAGESS sur le marché. De ce point de vue, le SIM fournit à la SONAGESS lors des opérations de reconstitution et de rotations techniques des informations permettant de :
- Déterminer les prix optimaux de vente selon les régions,
- vérifier la tendance des prix offerts lors des appels d’offres dans la reconstitution du SNS,
- contribuer à moyen terme à la mise en place d’un dispositif automatisé pour les procédures d’appel d’offres.
Facilitation des échanges
Le SIMc tient un répertoire des opérateurs (commerçants) et intervient pour la mise en relations commerciales entre certains opérateurs nationaux intervenant dans le domaine des produits agricoles. En ce qui concerne les producteurs, ils sont à l’écoute des informations diffusées à la radio afin de profiter des opportunités de marchés.
Information, recherche, et formulation de politique
Des institutions, étudiants, chercheurs et consultants indépendants utilisent également les données publiées par le SIMc dans le cadre de travaux sur la sécurité alimentaire ou sur l’économie.
Institutionnelle et financière
Le fonctionnement de base du SIMc est entièrement couvert par le budget de l’Etat.
Faiblesses
Depuis sa mise en place, le SIMc a connu des améliorations notables et significatives qui lui ont permis de remplir convenablement les missions assignées. Cependant comme tout système, il comporte des insuffisances.
Sur le plan méthodologique et organisationnel.
- Délais trop longs de la chaîne d’information,
- absence de diffusion de l’information sur les prix et disponibilités des produits agricoles
d’autres pays, d’informations sur les disponibilités des produits vivriers, relevés des prix bord champ (prix au producteur), non valorisation des prix d’autres denrées disponibles (par exemple, les prix collectés par la DG-PSA et l’INSD), imprécision sur la description et la nomenclature des produits (niébé blanc/niébé rouge, variétés et qualités du riz, etc.),
insuffisance d’informations sur les cours internationaux, les flux transfrontaliers, les coûts du transport, les produits de rente, la chaîne et la structure des prix.
Comme autres faiblesses, on peut citer :
- Les difficultés liées aux unités de mesure : la multitude et la non standardisation des Unités de Mesure Locale (UML), les difficultés de mesure des UML, l’instabilité des facteurs de conversion entre prix par unité de mesure standard et prix par UML utilisé sur les marchés ;
- les failles de l’analyse : l’absence d’identification des causes explicatives des niveaux et des variations de prix et des quantités, très faible utilisation des données dans un cadre d’interprétation de la sécurité alimentaire, difficultés d’interprétations et de compréhension de
la notion de prix moyens hebdomadaires, inexistence de modèle de prévision des prix, inexistence d’analyse globale de l’évolution des marchés ; - les problèmes de communication : les données et leurs analyses, leur support et les canaux de transmission (bulletin, communiqué radio, site Web, …) ne sont pas différenciés selon le type de public auquel ils s’adressent (services gouvernementaux, secteur privé, organisations
paysannes, …), il existe très peu de synthèses (trimestrielle, annuelle), les moyens modernes de communication sont sous-exploités (email, page Web interactive, …), les radios de proximité ne sont pas intégrées dans le réseau de diffusion. Il n’y a pas d’organisation pour la rétro-information ; - la coordination avec le SIMb en vue de rapprocher publications et fonctionnement a été souvent abordée, sans que des décisions interministérielles ne soient mises en oeuvre, la coordination avec l’INSD et la DG-PSA ne conduisant pas à valoriser les informations sur les
prix. Une faible collaboration avec les utilisateurs des données sur les marchés prévaut ; - le suivi : la faiblesse des ressources et la très petite taille de l’équipe du SIMc limitent les capacités de suivi des enquêteurs et de contrôleur sur le terrain ;
- la couverture : l’intervention des intermédiaires commerciaux en dehors des marchés limitent les possibilités de suivi des autres types de transactions.
Problèmes liés à l’effectif du personnel
- Le faible effectif du personnel du SIMc au niveau central ralentit le traitement et la diffusion de l’information,
- la gamme de compétences d’une équipe aussi réduite ne permet pas des analyses approfondies en matière socio-économique et de sécurité alimentaire.
Problèmes de financement
- L’absence de lignes budgétaires pour les études approfondies et l’initiation de nouvelles activités,
- le SIM est rattaché à la Direction d’Exploitation de la SONAGESS. Le financement des activités de routine est entièrement pris en charge par l’Etat, mais les activités d’extension et les activités novatrices sont dépendantes des financements extérieurs.
Synergies et complémentarité
- La complémentarité du SIM est la plus poussée dans le cas de la DGPSA qui utilise les données du SIM dans le cadre de l’analyse de la campagne agricole et avec l’INSD pour l’indice des prix à la consommation,
- par ailleurs, sous l’impulsion du projet PASIDMA, le SIMc du Burkina s’inscrit dans un réseau actif d’échanges de données et d’expériences au niveau de l’Afrique de l’Ouest (RESIMAO).