La féminisation de l’agriculture et l’accès à la terre : Analyse des statistiques agricoles désagrégées par genre de 1993, 1998 et 2001

1 juin 2005

La Direction Générale des Prévisions et des Statistiques Agricoles (DGPSA) est une structure centrale du Ministère de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources Halieutiques. L’une de ses missions est de collecter, traiter, analyser et diffuser les statistiques dans le domaine de l’agriculture.
Pour faire face aux besoins de plus en plus croissant de données désagrégées par genre des utilisateurs, elle a établie une série d’indicateurs genre à partir des données de l’Enquête Nationale sur les Statistiques Agricoles (ENSA) de 1993, qui reste à ce jour la plus grande
enquête d’envergure nationale jamais réalisée par le Ministère en charge de l’agriculture. Ces indicateurs, qui sont nécessaire à la réalisation d’études spécifiques, ont été fournis également à la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture) pour
appréciation.
En marge de cette collaboration, la DGPSA, à travers sa Direction chargée Statistiques Agricoles (DSA), et l’expert en Genre et Développement du Secrétariat Permanent de la Coordination des Politiques Sectorielles Agricoles (SP/CPSA), ont entamé une analyse sur
certaines de ces données avec comme objectif principal de mieux exploiter les statistiques différentiées par sexe existant.
Pour ce faire, deux thèmes d’analyse ont été identifiés, à savoir :

  • la féminisation de l’agriculture ;
  • l’accès à la terre.

Le choix du premier thème « féminisation de l’agriculture » se justifie par le fait que l’agriculture est encore considérée comme un secteur “masculin” du fait de l’ignorance et de l’invisibilité du rôle des femmes dans la production agricole. Le terme « féminisation de
l’agriculture » provient de la FAO, qui a constaté une augmentation de la participation des femmes dans la production agricole au niveau mondial. Cette participation accrue provient, d’une part, de l’intensification de l’agriculture exigeant plus de main-d’oeuvre féminine, et, d’autre part, du nombre croissant de femmes chef de ménage en raison de l’absence du mari (migration, SIDA, etc.).
Ce phénomène de féminisation n’est pas un constat neutre, si l’on considère que l’accès et le contrôle des ressources et avantages de la production ne sont pas répartis équitablement entre les hommes et les femmes. Une augmentation du travail agricole féminin ne signifie pas
automatiquement un contrôle et un accès plus accrus à la terre, à la mécanisation, aux intrants, aux revenus, etc. par les femmes. Une telle situation peut occasionner une baisse de la production et non son augmentation. En effet, selon certaines sources, la féminisation de
l’agriculture est directement liée à la féminisation de la pauvreté (Ringström).
Les deux questions de recherche utilisées dans le cadre de cette analyse sont :
Quelle est la participation des femmes à la production agricole comparée avec celle des hommes ?
Est-ce que le secteur agricole au Burkina Faso a tendance à se féminiser ?
Les indicateurs suivants ont été retenus :

  • les données démographiques, par classe d’âge ;
  • les données sur les actifs agricoles ;
  • les données sur les chefs de ménage ;
  • les données sur la quantité de main-d’œuvre (pour l’année 1993).

Le choix du deuxième thème se justifie, d’une part, par l’importance de la ressource terre pour pouvoir produire et le déséquilibre constaté à ce niveau entre les hommes et les femmes et, d’autre part, il vise une fois de plus à éclaircir le rôle des femmes dans la production agricole.
La terre est une ressource indispensable pour la production agricole. En général, les femmes ont moins accès à la terre que les hommes, bien qu’au niveau législatif, notamment la Réorganisation Agraire et Foncière (RAF, loi no. 014/96/ADP du 26 mai 1996) dans son article 62, stipule que « les terres urbaines ou rurales du domaine foncier national sont
attribuées aux personnes physiques sans distinction de sexe où de statut matrimonial ».
Dans plusieurs documents stratégiques et politiques une amélioration de l’accès à la terre pour les femmes rurales ressort comme un objectif ou du moins comme un pré-requis pour leur développement. Pourtant, dans la pratique, améliorer l’accès des femmes à la terre ne paraît
pas si facile et il faut également reconnaître que le problème de l’accès à la terre ne se pose pas de la même façon pour toutes les femmes du Burkina.
Afin de mieux mettre en exergue l’accès des hommes et des femmes à la terre, les indicateurs suivants ont été exploités et analysés :

  • les superficies collectives et individuelles exploitées ;
  • l’effectif des responsables de parcelles ;
  • la superficie moyenne exploitée par responsable de parcelle ;
  • le statut d’occupation (données seulement disponibles pour 1993).

Les données sur la répartition des terres entre les sexes viendront enrichir en même temps la réflexion sur la féminisation de l’agriculture au Burkina Faso : est-ce qu’elle va de paire avec un meilleur accès à la terre pour les femmes ? Qu’est-ce que cela pourrait signifier pour l’autonomie des femmes ?

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