Evolution du seteur agricole et des conditions de vie des menages au Burkina Faso

26 novembre 2009

Le Sommet de l’Union Africaine tenu à Maputo (Mozambique) en 2003 a adopté deux résolutions importantes pour faciliter la réalisation des objectifs du Programme Détaillé pour le Développement de l’Agriculture en Afrique (PDDAA) et des Objectifs du Millénaire pour le Développement en matière de croissance économique, de réduction de la pauvreté et de sécurité alimentaire et nutritionnelle.
Aux termes de ces résolutions, il est recommandé que les chefs d’Etats et de Gouvernements ainsi que les partenaires au développement veillent à ce qu’au moins 10% du budget public annuel soit alloué à l’agriculture dans les différents Etats membres et qu’une croissance minimale de 6% soit atteinte dans le secteur agricole.
FINANCEMENT DE L’AGRICULTURE
Les indicateurs analysés dans cette partie permettent de comparer le progrès réalisé par rapport à la cible budgétaire de Maputo. Ces indicateurs rendent compte du profil du financement de l’agriculture en termes de part de budget couvert, de dépenses publiques effectives, de distribution des dépenses publiques entre investissement et fonctionnement, entre les différents sous-secteurs agricoles et entre les différents domaines d’intervention.
L’analyse montre que la part du budget national alloué à l’agriculture dans le budget total excède les 10% à l’exception de l’année 2005 où elle est de 8%. L’allocation budgétaire agricole du Burkina Faso répond aux engagements que le pays a pris à Maputo. Cependant, cette allocation budgétaire a subi une baisse au cours de ces dernières années. En effet, d’une moyenne de 20% dans les années 1991-1999, il est passé à 12% pour la période 2000-2006. Les dépenses effectives dans le secteur agricole couvrent également plus de 10% des dépenses
publiques. En moyenne, 70% du budget adopté pour le secteur agricole est exécuté. Ce qui traduit une assez bonne efficacité dans l’exécution des dépenses agricoles.
Plus de 80% de ces dépenses sont consacrées aux investissements agricoles. En effet, au cours de la période 1991-2006, les dépenses d’investissement ont représenté en moyenne 86% des dépenses agricoles totales avec un minimum de 80% en 1992 et un maximum de 95% en 1997. Seulement 12% en moyenne de ces investissements sont financés par L’Etat, le reste étant couvert par les bailleurs de fonds. Comparativement aux autres pays de la sous région, l’effort consenti par l’Etat pour l’investissement dans le secteur agricole demeure faible. En effet, la part des dépenses d’investissement financée par l’Etat est de 25% au Mali, 51% au Sénégal et 59% au Bénin.
La répartition du financement du secteur agricole par sous-secteur montre qu’en moyenne 49% des dépenses agricoles sont allouées à la production végétale, 4% à l’élevage, 14% à l’environnement, 31% pour l’Eau et les aménagements hydro-agricoles et enfin 2% pour la recherche.
La répartition spatiale des dépenses d’investissement montre une absence de disparités majeures entre les différentes régions du Burkina. Les régions à climat moins favorables sont relativement privilégiées en termes d’investissement. Le sahel et le centre nord reçoivent chacune en moyenne 6% du total des investissements.
PERFORMANCES DU SECTEUR AGRICOLE
Au cours des dix dernières années, le Burkina Faso a enregistré des performances macroéconomiques appréciables, avec un taux de croissance réelle de 6,2% en moyenne durant la période 1995-2007. Le taux de croissance du PIB réel par habitant a été de 3,2% en moyenne au cours de la période 1995-2007.
Le secteur agricole occupe une place importante dans l’économie du Burkina. Elle occupe plus de 80% de la population active et contribue en moyenne pour 33% à la formation du PIB. La valeur des exportations agricoles représente 90% de la valeur totale des exportations.
La valeur ajoutée du secteur agricole a connu une croissance moyenne de 5,4% entre 1990 et 1994. Cette croissance se poursuit et atteint une moyenne de 8% au cours de la période 1995-1999. Mais les sécheresses intervenues en 2000 et en 2004, conjuguée avec l’invasion acridienne en 2004 ont ralenti cette embellie en ramenant le taux de croissance moyen à 3,2% entre 2000 et 2004.
Le secteur agricole a été le principal moteur de la relative croissance économique observée pendant la période 1990-1994. Sur une croissance de 1.9 points en moyenne enregistrée au cours de la période, 1,6 points étaient imputables au secteur agricole. Cependant, la promotion du secteur privé intervenue suite à la libéralisation de l’économie a permis aux secteurs secondaire et tertiaire d’accroitre leurs performances et sont devenus par la suite les secteurs clés de la croissance économique.
L’analyse par sous-secteur a révélé que le sous-secteur de la production végétale contribue en moyenne pour 60% à la formation de la valeur ajoutée agricole. Les sous secteurs élevage et environnement (pêche, chasse et forêt) contribuent respectivement en moyenne à 28% et à 12% à la création de la valeur ajoutée du secteur.
Les superficies exploitées augmentent en moyenne de 2,3% par an et ont atteint en 2006, 4 105 069 ha, soit 45,6% des superficies cultivables. Si cette tendance se poursuit, l’agriculture burkinabè épuisera ses terres cultivables à l’horizon 2030. Cette augmentation des superficies emblavées est expliquée par la croissance démographique étant donnée que la superficie par actif est restée pratiquement constante par actif au cours des quinze dernières années (elle est estimée à 0,66 ha en moyenne).
Dans le sous-secteur de la production végétale, la productivité physique (rendement) a connu une hausse moyenne de 2,2% au cours de la période 1990-2006.Cette performance enregistrée dans ce sous-secteur est imputable aux efforts conjugués de l’Etat et des bailleurs de fonds pour la modernisation de l’agriculture. En effet, la proportion des ménages utilisant les équipements attelés ou motorisés est passée de 38,6% en 1993 à 60,5% en 2006. Les superficies fertilisées sont passées de 15% au cours de la période 1993-1996 à 29% en 2006. Cette hausse de la proportion des superficies fertilisées a été accompagnée également par l’augmentation des doses de fertilisants à l’hectare, notamment pour les cultures de rente et les céréales.
L’agriculture burkinabè est tributaire de la pluviométrie. Les superficies exploitées en irrigué représentent seulement 0,63 % des superficies totales exploitées et 12,2% du potentiel irrigable. L’irrigation, bien qu’étant incontournable pour le développement de l’agriculture du Burkina Faso, demeure encore marginale du point de vue des surfaces aménagées exploitées.
L’analyse de la commercialisation des produits agricoles montre une faible mise à marché desproduits vivriers. En effet, le taux de commercialisation des céréales est en moyenne égal à 9%. Cependant, le coton qui constitue la principale spéculation de rente est commercialisé à hauteurde 90% de la production. Il constitue d’ailleurs le principal produit d’exportation du Burkina Faso,suivi du cheptel.
Le coton représente en moyenne 70% des exportations totales du Burkina. Cette faible commercialisation des produits vivriers s’explique par le fait que la production est destinée principalement à l’autoconsommation et les gains en termes de productivité constatée ne sont pas suffisants pour générer un surplus important pour la commercialisation.
La rémunération des producteurs par le biais du marché s’est améliorée avec la hausse des prix au producteur intervenue après la dévaluation du Franc CFA. Cependant, cette augmentation des prix au producteur est annihilée par la hausse du coût de la vie. Il ressort de l’étude que l’indice des prix à la consommation croît plus vite que l’indice des prix à la production végétale excepté les années déficitaires où les prix des produits subissent une hausse supérieure au coût de la vie.
Le prix au producteur du coton qui constitue le principal produit d’exportation varie en fonction du prix international mais, dans une moindre mesure. La baisse du cours international du coton n’est pas répercutée intégralement sur le prix au producteur de même que sa hausse. Les sociétés cotonnières assurent un rôle de stabilisation des prix au producteur.
CONDITIONS DE VIE DES MENAGES.
Au cours de la période 1994 – 2003, la pauvreté s’est accrue, passant de 44,5% à 46,4%, soit unehausse de 1,9 %. La sous alimentation mesurée à travers l’incidence de la pauvreté énergétique connaît des fluctuations étant donné sa forte liaison avec la campagne agricole. De 48,61% et 46,50% respectivement en 2003 et 2004, elle a baissé à 32,82% en 2006.
L’analyse des différentes sources de revenus des ménages ruraux montre que le secteur agricole constitue la principale source de revenus de ces derniers. En effet, en 2006, 78,4% du revenu total des ménages agricoles est issu de l’agriculture (au sens large). Le revenu moyen par ménage tiré du secteur agricole en 2006 était de 582 398 dont 56% est autoconsommé et le reste est monétaire. L’analyse par sous-secteur révèle que 67% du revenu monétaire agricole des ménages ruraux est obtenu à partir de la vente de produits végétaux, 30,9% est issu de la vente des
animaux et 2,1%1 pour les produits de l’environnement. Au niveau des autoconsommations,93,2% de leurs valeurs proviennent des produits végétaux.
Cela s’explique par le fait que l’alimentation de base des ménages ruraux est basée sur les produits végétaux, notamment les céréales. Cependant, l’élevage contribue le plus à l’achat d’aliments pour les ménages qui n’arrivent pas à couvrir leurs besoins de consommation à partir de leurs autoconsommations. En 2006, 74,4% du revenu monétaire tiré de l’élevage a été consacré à l’achat d’aliments contre 24,2% pour la production végétale et 1,4% pour les produits de l’environnement.

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