Présentation

Historique

Les graves crises alimentaires des années 1973-1974 et 1984-1985 qui ont frappé les pays du Sahel ont poussé les différents gouvernements à mettre en place des dispositifs de prévention et de gestion des crises alimentaires : Les Systèmes d’Alerte Précoce (SAP).

Au Burkina, ce dispositif comprend trois principaux organes :

  • un organe de décision (le Gouvernement) chargé de la définition des orientations de la politique nationale en matière de sécurité alimentaire ;
  • un organe de concertation (le CNSA ex CRSPC) composé de l’ensemble des acteurs (Gouvernement, Partenaires techniques et financiers, Société civile) chargé de maintenir un dialogue permanent entre les différents acteurs ;
  • un dispositif de prévention et de gestion des crises alimentaires comprenant la SONAGESS, le CONASUR et le SAP (ex CT/CCI chargé de gérer un Système d’Alerte Précoce (SAP) et une Centrale d’Information).

La coordination et l’animation des activités du système d’alerte précoce sont assurées par la Direction Générale des Prévisions et des Statistiques Agricoles (DGPSA) à travers la Direction du Système d’Alerte Précoce (DSAP).

Ressources du SAP

Les activités du Système d’alerte précoce sont actuellement cofinancées par l’Etat, l’Union Européenne, le Centre Régional AGRHYMET et l’Ambassade de France.

La gestion des crises alimentaires

Au Burkina Faso, la sécurité alimentaire et la lutte contre la malnutrition font partie des priorités des textes de politique publique qui orientent l’action du Gouvernement et de ses partenaires. Les plans d’action sur les Systèmes d’Information pour la Sécurité Alimentaire (PA/SISA) et sur l’organisation et la coordination des secours d’urgence et de réhabilitation (PNOCSUR) ainsi que l’accord intitulé « cadre général de coopération Etat partenaires » précisent le fonctionnement du dispositif de prévention et de gestion des crises alimentaires et les attributions des organes qui y concourent, dont le SAP en matière d’aide à la décision.

La récente crise alimentaire qui a touché plusieurs pays de la région au cours de l’année 2004/05 a fait resurgir le constat alarmant d’une malnutrition élevée et persistante et montré l’influence des échanges entre pays voisins sur l’économie des ménages et l’approvisionnement des marchés. Ces évolutions s’inscrivent dans un contexte international de forte réduction des volumes d’aide alimentaire, focalisés dorénavant sur les contextes d’urgence et de réhabilitation, et de changements de pratiques de donateurs traditionnels recentrant leurs aides alimentaires sur les urgences humanitaires.

Au Burkina Faso, les réponses apportées (essentiellement les ventes à prix subventionné et les distributions alimentaires) par le dispositif aux situations de crises n’ont pas évolué depuis de nombreuses années alors que des organisations humanitaires (OIG et ONGs) ont diversifié leurs interventions. Le manque d’étude d’impact ne permet pas d’évaluer les contributions du dispositif à résoudre l’insécurité alimentaire et nutritionnelle des zones ciblées par les aides. Les faibles volumes engagés, notamment en 2004/05, indiquent que les populations comptent avant tout sur leurs propres stratégies de gestion du risque face à l’adversité. Celles-ci ne sont non plus pas consultées sur les types de soutien les plus adaptés à leurs besoins. D’autre part, l’arrivée d’organisations spécialisées dans l’humanitaire (ONGs, OCHA, …) soulève la question de la coordination afin d’éviter les duplications en matière d’alerte et de réponse. La révision du PNOCSUR offre l’opportunité pour le dispositif de clarifier ses objectifs, de réfléchir à l’adéquation de ses interventions aux différents contextes d’insécurité alimentaire et nutritionnelle et de renforcer les processus de coordination avec les humanitaires. Ces choix pourront avoir une incidence sur les missions et les orientations méthodologiques et organisationnelles du SAP.

Diagnostic sur le fonctionnement du SAP : aspects institutionnel, organisationnel et financier

Le SAP a par le passé toujours été rattaché au Ministère de l’Agriculture et, depuis 2003, il est érigé en service au sein de la Direction du Système d’Alerte Précoce intégrée à la DGPSA. Ce positionnement favorise la disponibilité d’informations sur le suivi de la campagne agricole et la mobilisation des cadres du Ministère (central et régional) sur le suivi de la situation alimentaire. En outre, le dynamisme de la DGPSA est reconnu par de nombreux acteurs ce qui lui a permis d’attirer de nombreux financements extérieurs (Danemark, CE, CRA, BM, France, FAO,…), au cours des dernières années, ainsi que ceux de l’Etat pour exécuter le RGA. La DGPSA dispose d’une forte visibilité dans le dispositif statistique national.

Si l’intégration du SAP à la DGPSA offre des avantages évidents, elle peut comporter les risques d’épouser une analyse trop axée sur les paramètres agricoles. Certains outils d’analyse du SAP (bilans céréaliers, taux de couverture par province et pauvreté céréalière ou alimentaire) dépendent étroitement des résultats de l’enquête permanente.

L’adoption du PA/SISA en 2004 n’a pas influé sur le positionnement institutionnel du SAP qui doit demeurer selon le plan d’action une structure à part entière alimentée par les sources d’informations sectorielles des différents ministères. Le PA/SISA présente un montage relativement complexe de répartition des activités de coordination et d’animation techniques de la sécurité alimentaire entre de nombreuses unités.

La DSAP a pu trouver un modèle original de gestion du personnel. Le faible effectif d’analystes affecté directement au SAP (un chef de service et un contractuel en 2007) est renforcé selon les besoins par les autres cadres de la Direction voire de la DSA. Cette flexibilité est particulièrement adaptée au fonctionnement d’un SAP dont le volume d’activités est variable. Au cours des dernières années, le SAP a rencontré de grandes difficultés à conserver son personnel qualifié sur une longue période. Le départ d’un des cadres occasionne immanquablement des pertes de compétences. Une des raisons est l’irrégularité des financements extérieurs sur la période 2000 à 2007, l’Etat a lui progressivement augmenté l’enveloppe inscrite dans la Loi des Finances pour atteindre actuellement 80 millions FCFA destinés à l’ensemble des activités de la DGPSA.

Le coût de fonctionnement du SAP est difficile à apprécier notamment du fait du fonctionnement en équipe de l’ensemble de la DSAP (qui comprend la Centrale d’Information) et du partage des ressources matérielles allouées à la DGPSA. En outre, le SAP mobilise régulièrement à travers ses missions de terrain, le suivi mensuel en région et les systèmes d’information sectoriels de nombreuses compétences de techniciens dont les coûts ne lui sont pas répercutés.

Sur la période 2000-2007, le niveau de financements a conditionné le volume des activités entreprises dont sa capacité à se redéployer dans les régions. Il a aussi permis de s’émanciper de la contrainte d’analyser la situation alimentaire uniquement à partir de données secondaires en lui permettant de recueillir de l’information de première main.

Diagnostic technique du SAP

De nombreuses enquêtes statistiques et qualitatives sont programmées par l’Etat et les partenaires afin d’évaluer l’évolution des paramètres de pauvreté, santé- nutrition, éducation, … Des dispositifs permanents au sein des Ministères ou organismes parapublics constituent également des sources potentielles d’information. Toutefois, malgré cet environnement favorable, peu d’informations désagrégées à une échelle utile sont disponibles pour le SAP.

Au cours des années diagnostiquées, trois périodes peuvent être distinguées :

  • 2000-02 : le SAP fonctionne au ralenti, remise en cause de sa méthodologie ;
  • 2003-05 : le SAP initie le recueil de données nutritionnelles avec les appuis de la France, période de relance favorisée par la création de la DGPSA, et les adoptions du cadre de coopération Etat-partenaires et du PA/SISA ;
  • 2006-07 : le SAP démarre son chantier de rénovation méthodologique, relance la surveillance de la situation alimentaire par les régions et diversifie ses appuis techniques et financiers.

Comme pour les autres pays du CILSS, les activités du SAP s’organisent en fonction des échéances sous-régionales. Un premier bilan de la situation alimentaire et un ciblage provisoire des populations vulnérables sont effectués en octobre tandis que l’identification complète des groupes vulnérables est déterminée en février. Au cours de l’année, les principales activités du SAP se concentrent sur le suivi qualitatif de la campagne agricole, la détermination des ZAR, l’identification des populations vulnérables, le recueil de données nutritionnelles et, depuis 2007, la veille régionale.